ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS Situation de blocage avec les laiteries
Confrontés à des décisions unilatérales, les représentants des organisations de producteurs multiplient les actions. Les OP Lactalis en appellent à amender la loi d'avenir pour rééquilibrer les rapports de force.
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Depuis avril 2011, date à laquelle Lactalis a fait parvenir une première version de contrat à tous les éleveurs, les groupements de producteurs se sont structurés pour négocier collectivement cette proposition. C'est finalement la seconde version du contrat qui sera adoptée dans la douleur, après l'intervention du médiateur désigné par la loi de modernisation de l'agriculture. « Nous avons d'abord rédigé une convention de fonctionnement entre les groupements et l'entreprise, rappelle Sébastien Amand, président de l'Unell, une association d'OP qui regroupe 4 500 éleveurs sur plus de 14 500. Après quoi, sous la pression, les éleveurs ont signé la seconde version du contrat en mars 2012. Depuis, Lactalis n'a de cesse de bafouer ses engagements contractuels. » Dès juillet 2012, l'industriel est accusé de modifier la tranche de flexibilité additionnelle positive sans concertation. « Trois mois plus tard, l'entreprise a annoncé une réduction unilatérale de 5 €, au prétexte de s'aligner sur la concurrence (Sodiaal). En juin 2013, à la suite de la hausse de 25€ consentie au deuxième trimestre, elle a déclaré la mise en place d'un prix moyen 2013 de 340€ ». Ce que conteste l'Unell à travers ce prix politique non négocié, c'est l'abandon de la référence aux indicateurs de marché, pourtant prévue au contrat, à l'heure où la conjoncture laitière est très favorable. L'association évalue le manque à gagner entre 8 et 10 € sur l'année. Pour rééquilibrer le rapport de force, elle évoque l'idéal : une OP commerciale unique, « mais la triste expérience des GIE de collecte n'incite pas les producteurs à aller en ce sens et, de son côté, Lactalis privilégie ses groupements de producteurs historiques ».
Également administrateur FNPL, Sébastien Amand appelle donc le syndicalisme à faire pression pour amender la loi d'avenir agricole, dont l'examen débutera en janvier, afin de renforcer le pouvoir de décision du médiateur des relations commerciales.
Aujourd'hui, Lactalis est perçu comme « le franc-tireur de l'industrie laitière pour faire baisser le prix à tous les producteurs ».
Sous-entendu : il tire à la baisse le prix moyen annuel, en cette fin 2013, qui doit servir de référence pour l'année 2014.
Manifestations à répétition des OP Danone
Un constat partagé par les OP Danone, si l'on en croit la multiplication des manifestations (dans le Nord, en Haute-Normandie et devant le siège parisien) pour dénoncer le dysfonctionnement des relations contractuelles, et surtout demander à leur laiterie une augmentation du prix du lait de 30 € pour 2013 (référence 2012 de 315 € +30 €). Quatre OP, représentant 75 % de la collecte, avaient pourtant invité Danone à la Maison du Lait, le 18 novembre, pour déterminer le mécanisme d'évolution du prix du lait sur l'année 2013. La direction du groupe a décliné l'invitation et aucune nouvelle date convenant à chacune des parties n'a été fixée. « Or, il y a urgence à finaliser la négociation avant l'annonce du prix du lait du mois de décembre et la facture de novembre pour que la dernière tranche de l'avance de 25 € ne soit pas reprise sur la paie de novembre. »
JÉRÔME PEZON
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